VOICI COMMENT LA SOIF VA TUER LES CAMEROUNAIS EN 2015…

Non seulement le prix de la bière à augmenté, Ngaoundéré n’a pas d’eau à boire…
Trois jours déjà sans eau dans la ville de Ngaoundéré. Les robinets sont secs. La rouille ronge déjà les tuyaux de canalisation. Le chef-lieu de la région château d’eau du Cameroun est complètement déshydraté. La vie est au ralenti. Les conséquences sont nombreuses. Ceux qui avaient cru que les camerounaiseries étaient finies sont maintenant servis du contraire.
Parmi ces comportements camerounesques, on relève le fait que depuis que les robinets ont tari, les agents de Camerounaise des Eaux (CDE), la compagnie qui distribue le précieux liquide dans cette contrée, ne font rien. Leur corps ne gratte même pas. Ils ne s’inquiètent pas qu’on n’a qu’on n’arrive plus à chasser le caca dans le pot. L’hygiène corporelle est devenue un sacrilège. Il faut faire parfois des kilomètres pour aller s’aligner devant les puits d’eau pour pouvoir étancher sa soif.
La situation est gravissime! La rude sécheresse frappe sévèrement les populations qui cuisent chaque jour à petit feu sous la canicule sans pouvoir se désaltérer. Qu’en est-il de la poussière? Ah voici une question qu’on ne pose même plus. Les quartiers de la ville sont ensevelis sous d’épaisses couches de poussière et d’immondices. Gare à vous si vous restez à côté de la route quand votre voisin passe avec sa Mercedes ou sa Tercel. Vous êtes fini ! La poussière va vous engloutir complètement. Quand par chance vous vous lavez le soir n’avisez plus à mettre le petit pied dehors. Si vous le faites, tant pis ! La poussière fera son travail et vous n’aurez plus d’eau pour vous rincer les pattes.
Avant dans des situations pareilles, les camerounais se désaltéraient avec de la bière. On partait au bar le plus proche. On prenait une Pégui, Une Castête, un Come and see teachers enjoying life, un âge de Jésus, un «Il a fallu du temps». Même quand s’était trop dur, je veux dire trop fort-là, on prenait simplement un «condom». On suçait ça et on rentrait gronder les enfants à la maison.
Maintenant il n’y a plus ni la bière ni l’eau. Une bière coûte une fortune. Il suffit d’entrer dans un bar pour constater que la camerounais sont touchés dans leur chair et dans leur âme. Une bouteille de 0.65 l coûte 600-700 F CFA en fonction du goût et de l’épaisseur du porte-monnaie de chacun. Qu’à cela ne tienne je fais confiance aux camerounais. «Augmentez le prix ! On va toujours boire»; peut-on entendre ça et là
Mais la réalité est tout autre. La consommation immodérée de l’alcool qui était jusque-là le quotidien des camerounais a considérablement baissé. Les gorges sont sèches. Les camerounais doivent désormais faire face aux problèmes qu’ils s’immergeaient dans l’alcool pour éviter. Ils ont retrouvé leur lucidité. C’est le bon côté de la chose n’est-ce pas? On doit dorénavant affronter l’adversité du quotidien dans un contexte infernal: chômage interminable, manque d’eau, coupures intempestives d’électricité, faiblesse du pouvoir d’achat, enclavement etc. Je dois m’arrêter ici, sinon je risque d’avoir l’AVC.
Pourtant notre pays s’est fixé pour objectif de devenir émergent en 2035. Ce genre de camerounaiseries –coupures d’eau et inflation du prix des produits de première nécessité-, à coup sûr, se dressent sur le chemin de l’émergence.
Soulemanou Mefire

SCANDALE A L’IRIC: LA MERITOCRATIE EN QUESTION!

Les résultats du concours d’entrée à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric), filière Diplomatie, affichés cette semaine soulèvent de la controverse et réveillent les vieux démons du Cameroun. La publication de deux listes définitives différentes illustre à merveille les pratiques des réseautages, des copinages, des tripatouillages et des gombotages qui caractérisent les concours d’entrée dans les grandes écoles au pays des Mbiya.
Ceci n’est pas un scoop. C’est une information dont tout le monde est déjà au courant: la publication scandaleuse cette semaine par le Minesup dans l’espace de 48 heures de deux listes d’admission définitive tout à fait différentes. Six des candidats admis dans la «première liste définitive» ont vu leurs noms miraculeusement disparaître dans la «deuxième liste définitive» toujours signée par le Ministre de l’enseignement supérieur. Du coup plusieurs questions taraudent les esprits: Qui a signé la première liste? A cette première question plusieurs sources concordent à dire qu’elle a été signée par le Minesup. Pourquoi une deuxième liste? Pourquoi certains noms disparaissent et des nouveaux apparaissent lorsqu’on passe d’une liste à l’autre? Sur quels critères le Minesup s’est-il basé pour gommer les six noms?
Face donc à l’énigme qui entoure ces dernières questions, l’on ne peut qu’aisément comprendre qu’il s’agit-là d’un énième scandale, d’un énième coup organisé par la mafia politique qui s’est accaparé de notre pays depuis 1958, date depuis laquelle une Damnation pèse nos têtes comme l’épée de Damoclès. Comme nous l’avons signalé plus haut, le scandale à l’Iric n’est pas une information, ce n’est pas l’intérêt principal de notre papier. Nous montrons ici qu’il s’agit juste d’un énième fait qui vient compléter un tableau déjà sinistre en ce qui concerne l’admission dans les grandes écoles dans ce pays géré par la droite biyaiste depuis presqu’un demi-siècle.
Ce scandale vient une fois de plus confirmer le règne des lobbies, des réseaux et du sectarisme dans les concours administratifs. Cette semaine, le journal Mutations a parlé de «Ces fils à papa» qui réussissent d’office qu’ils soient méritants ou non; qu’ils aient composé ou non. Peu importe! Ce qui compte c’est ce leur papa est Colonel, Général d’armée, Gouverneur de région. Leur oncle est Ministre, D.G. de telle ou telle entreprise. Pour toutes ces raisons, l’on comprend que ce n’est pas le mérite qui prime sur toute autre considération comme ça devrait être normalement le cas. C’est une gestion opaque qui se nourrit essentiellement des réseautages, des copinages, des tripatouillages, des gombotages, des tuyautages, des influences et des déterminismes de toutes sortes sauf celui de la méritocratie.

Dans ces conditions, on peut tirer deux conséquences principales. D’abord, une conséquence sociale qui sème la discrimination, crée les frustrations et divise la Nation. On a d’un côté une minorité qui peut entrer dans les grandes écoles: Iric, Enam, Emia, Polytech etc. ; et de l’autre côté les fils de paysan, les anonymes de la scène politique qui ne peuvent qu’observer en spectateurs résignés le Small Group Show offert par la mafia politique –la droite biyaiste- qui dirige cette contrée qu’on appelle «Cameroun». Ce deuxième groupe est constitué des exclus quoi que méritants, des clochards et des pauvres tout court.
La deuxième conséquence est beaucoup plus tragique. Elle touche à la destinée du pays, à l’intérêt supérieur de la Nation. Lorsque dans un pays la méritocratie est phagocytée par la réseaucratie, lorsque les batailles gombotiques priment sur le souci de sélectionner des individus capables de relever le défi de l’émergence, ce pays court irrémédiablement vers le chaos et l’implosion totale. Lorsque les «médiocres» sont admis avec des notes contestables tandis que ceux qui auraient dû réussir échouent, on fait dans ce cas le culte de la médiocrité au détriment de l’excellence. Les performances de l’administration camerounaise et des entreprises étatiques ne peuvent être que celles que nous connaissons. Et l’émergence n’arrivera jamais avec ce genre de comportements immergents.
En définitive, le scandale de l’Iric n’est pas un fait nouveau dans le paysage sociopolitique camerounais. Il est un énième élément qui confirme l’opacité –le manque de transparence- dans l’organisation des concours administratifs au pays des Mbiya. Ces concours sont, depuis que la droite sauvage s’est emparée de notre pays, gouvernés par un système des réseautages, des tripatouillages et des copinages. C’est, en dernière analyse, ce qui suscite des frustrations, des exclusions, les divisions et enfin la médiocrité. Tant que ce système perdurera, les frustrés ne pourront que s’engager dans toutes sortes d’entreprises criminelles, religieuses ou politiques. Les vendeurs d’illusions tels que Boko Haram n’auront plus aucune difficulté à recruter les fidèles. Mbiya, dans son message à la jeunesse le 10 février 2015, invitait les jeunes à ne prêter une oreille attentive aux «sirènes de la désunion». Il semblait oublier que les sirènes de la division, de la frustration et de la désunion se trouvent d’abord et avant tout dans le système qu’il a orchestré.

Soulemanou Mefire, Chercheur en SIC, Langues et Littératures étrangères.
Consultant en business interculturel, traducteur et médiateur culturel.